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Date: 18 Jul 1881
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Date: 6 Nov 1964
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Born
18 Jul 1881
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Died
6 Nov 1964
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Quoted by 'La Théorie de la relativité: séance du 6 avril 1922', Bulletin de la Société française de philosophie 22 (3) (1922), pp. 91-113.
Description:'M. Piéron. – Je voudrais, à propos de la confrontation tentée par M. Bergson de la durée psychologique et du temps einsteinien, signaler qu'il existe des cas où cette confrontation est expérimentalement réalisée, quand le psycho-physiologiste étudie, par une méthode scientifique, les impressions de durée, de succession, de simultanéité.
Or, depuis fort longtemps, les astronomes avaient déjà reconnu qu'il était impossible de se fonder sur la simultanéité psychologique pour déterminer avec précision une simultanéité physique, quand il s'agissait, par la méthode de l'œil et de l'oreille, de préciser la position d'une étoile dans le réticule d'une lunette au moment du battement d'un pendule. C'est bien là le type de l'expérience concrète signalée par M. Bergson pour montrer l'intervention possible des impressions de durée dans les déterminations relatives au temps physique. Or, nous savons qu'il est physiologiquement impossible d'obtenir une traduction mentale exacte d'une simultanéité physique entre des impressions sensorielles hétérogènes. En effet, la latence de transformation de l'excitant extérieur en influx nerveux et le temps de propagation de cet influx, changent avec les régions du corps et les organes des sens mis en jeu, sans compter les variations cérébrales, complexes et irrégulières. Mais il y a plus : supposons que deux points symétriques de la rétine reçoivent une impression lumineuse ; il semble que, dans ces conditions, la simultanéité perçue sera un indice certain, dans les limites d'une approximation donnée, de simultanéité physique. Or il suffit que les impressions lumineuses aient une intensité différente pour qu'il n'en soit rien. J'ai pu déterminer une différence des intensités telle que l'excitation lumineuse la plus faible, précédant physiquement la plus forte de quelques centièmes de seconde, soit en réalité perçue nettement comme postérieure. Ainsi les déterminations de succession ou de simultanéité psychologique ne peuvent en aucun cas être utilisées pour une mesure de temps physique, qui exige une traduction spatiale, suivant une règle scientifique qu'a justement bien mise en lumière M. Bergson. C'est par la coïncidence ou la non-coïncidence de traits laissés par des appareils-signaux sur une surface animée d'un mouvement plus ou moins rapide que nous jugeons de la simultanéité physique, en tenant compte de toutes les corrections utiles. Pour ces mesures de temps, comme pour toutes les autres, c'est l'acuité visuelle qui intervient. Et ainsi la durée bergsonienne me paraît devoir rester étrangère au temps physique en général et particulièrement au temps einsteinien.' (112-113)